Le Niger a décidé de porter plainte contre l'animateur et écrivain français Pascal Sevran après des déclarations publiées dans un livre et dans la presse liant la sexualité des Noirs à la famine en Afrique, a-t-on appris samedi soir.

"Nous avons effectivement décidé de saisir les tribunaux français" contre Pascal Sevran, a déclaré samedi Mohamed Ben Omar, porte-parole du gouvernement nigérien.

La déclaration visée est contenue dans son livre "Le Privilège des Jonquilles", paru en janvier, et reprise dans une interview au quotidien régional Var-Matin paru le 2 décembre.

Dans cette interview, Pascal Sevran était interrogé sur une affirmation contenue dans cet ouvrage, et ainsi résumée par le journaliste de Var Matin : "La bite des noirs est responsable de la famine en Afrique".

"Et alors? C'est la vérité !, a répondu Pascal Sevran. "L'Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. Il faudrait stériliser la moitié de la planète!".

Après le tollé soulevé par ces déclarations, M. Sevran a présenté ses "excuses": "Aux hommes et aux femmes que j'ai pu peiner, je veux dire ma tendresse et leur présenter mes excuses", a déclaré l'animateur.

Dans un communiqué lu à la radio samedi, le gouvernement nigérien affirme avoir "décidé de saisir les tribunaux français pour que justice et réparations soient faites".

Le gouvernement nigérien qualifie certains passages du "Privilège des Jonquilles" d'"on ne peut plus racistes", affirmant qu'ils "font un éloge de l'eugénisme dont M. Sevran est l'apôtre patenté".

"Le Privilège des Jonquilles" comporte des "insanités dignes de Goebbels", le chef de la propagande du régime nazi, ajoute le communiqué.

Le livre a déjà provoqué une vive polémique en France.

M. Sevran, 61 ans, et connu surtout comme animateur de télévision, fait déjà l'objet d'une plainte pour propos racistes et eugénistes de la part du Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais (Collectifdom). Le Collectif a aussi demandé que M. Sevran soit interdit d'antenne sur la télévision publique France 2.

L'Association de la Presse Panafricaine (APPA), qui regroupe les journalistes d'origine africaine basés à Paris, a lancé une pétition sur internet dans laquelle ils réclament des sanctions contre l'animateur.

Le ministre français de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres s'est déclaré "extrêmement choqué" par les propos de M. Sevran, estimant que de telles déclarations "ne sont pas compatibles avec sa participation au service public de l'audiovisuel".